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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/235

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sans que la Reine soit nommée. Cet écrit, revêtu de l’acceptation des joailliers, est remis à madame de la Motte qui deux jours après le rend au cardinal, avec des approbations à chaque article, et au bas la signature : Marie-Antoinette de France.

Aussitôt le cardinal, étourdi du succès de sa négociation, de la faveur dont il croit jouir, du mystère même dont la Reine entoure sa confiance, écrit aux joailliers que le traité est conclu, et les prie d’apporter l’objet vendu. Les joailliers, assurés que c’est à la Reine qu’ils vendent, se rendent aux ordres du cardinal. Le collier reçu, le cardinal se rend à Versailles, arrive chez madame de la Motte, lui remet l’écrin : « La Reine attend, dit madame de la Motte, ce collier lui sera remis ce soit. » En ce moment paraît un homme qui se fait annoncer comme envoyé par la Reine. Le cardinal se retire dans une alcôve ; l’homme remet un billet ; madame de la Motte le fait attendre quelques instants, va montrer le collier au porteur. L’homme est rappelé. Il reçoit l’écrin. Il part.

Le cardinal, convaincu que le collier est remis à la Reine, donne ce jour même la première preuve de l’acquisition faite par la Reine par cette lettre : « Monsieur Bœhmer, S. M. la Reine m’a fait connaître que ses intentions étoient que les intérêts de ce qui sera dû après le premier payement, fin août, courent et vous soient payés successivement avec les capitaux jusqu’à parfait acquittement. » Ainsi le cardinal, enfoncé dans la confiance, n’a pas un doute.