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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/237

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négligé de se présenter devant la Reine pour la remercier, exigeait d’eux qu’ils lui écrivissent leurs remerciements. Malheureusement cette lettre de Bœhmer, reçue par la Reine, lue par elle, tout haut, devant ses femmes présentes ; cette lettre, qui eût pu être une révélation, était considérée par la Reine comme un nouvel acte de folie de ce marchand qui l’avait menacée de se jeter à l’eau. La Reine, n’y comprenant rien et n’y voyant « qu’une énigme du Mercure », la jetait au feu. Et qui pourrait essayer de nier l’ignorance de la Reine ? Ne faudrait-il pas nier cette note écrite au moment où la fraude va être découverte, et trouvée dans le peu de papiers du cardinal échappés au feu allumé par l’abbé Georgel ? « Envoyé chercher une seconde fois B. (Bœhmer). La tête lui tourne depuis que A. (la Reine) a dit : Que veulent dire ces gens là ? Je crois qu’ils perdent la tête[1]. »

Ceci se passait le 12 juillet. Quelques jours après, madame de la Motte avertissait le cardinal que les 700,000 livres, payables au 31 juillet, ne seraient pas payées, que la Reine en avait disposé ; mais que les intérêts seraient acquittés. La préoccupation de ce payement qui manque, le souci de faire attendre les joailliers, troublent le cardinal. Il s’alarme. A ce moment, il lui tombe sous les yeux de l’écriture de la Reine. Il soupçonne. Il mande madame de la Motte. Elle arrive tranquille, et le rassure. Elle n’a

  1. Mémoires de Mme Campan, vol. II.