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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/239

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rie. Encore l’idée n’en était-elle pas bien neuve. Le scandale n’était pas oublié d’une madame de Cahouet de Villiers, qui par deux fois, en 1777, imitant l’écriture et la signature de Marie-Antoinette, s’était fait livrer d’importantes fournitures par la demoiselle Bertin ; puis, réprimandée pour toute punition et pardonnée par la Reine, fabriquait une nouvelle lettre signée Marie-Antoinette au moyen de laquelle elle enlevait 200 00 livres au fermier général Béranger[1]. Une autre intrigue, moins ébruitée, presque inconnue du public même alors, n’avait-elle pas, quelques années après, annoncé l’affaire du collier, et montré la voie à l’imagination de madame de la Motte ? Une femme, en 1782, s’était vantée, elle aussi, d’être honorée de la confiance et de l’intimité de la Reine. Elle montrait des lettres de madame de Polignac, qui la priait de se montrer à Trianon. Elle usait du cachet de la Reine, surpris par elle sur la table du duc de Polignac. A l’entendre, elle disposait de la faveur de madame de Lamballe ; à l’entendre, elle avait par son crédit sur la Reine, désarmé le ressentiment de la princesse de Guéménée et de madame de Chimay contre une dame de Roquefeuille. Mêmes mensonges et mêmes dupes, c’est la même comédie, et, chose inconcevable, c’est le même nom : l’intrigante de 1782

  1. La Bastille dévoilée (par Manuel) ; 1789. Cinquième livraison. — L’état de la Bastille depuis le 17 juillet 1768 jusqu’au 5 mai 1782 (quatrième livraison) porte à la date du 13 mars 1777 : Entrée, Mme Cahouet de Villiers transférée au couvent de la Croix sous le nom de Mme de Noyan le 5 août 1777.