Aller au contenu

Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/253

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Antoinette de l’abbé de Vermond pour conseiller ? Il a pris la confiance de l’archiduchesse d’Autriche à l’heure de son enfance ; il s’est avancé et établi dans ses premières impressions ; il a été le confesseur de la pensée et du cœur de la Dauphine, puis de la Reine, le dépositaire des secrets de la mère et de la fille, de Marie-Thérèse et de Marie-Antoinette, le confident et le consolateur de ces larmes et de ces inquiétudes qu’une Reine doit cacher à une cour, taire même à l’amitié. M. de Vermond avait partagé les chagrins de la Reine, les froideurs de Louis XVI, jusqu’au jour où son frère Vermond avait sauvé la mère de Marie-Thérèse-Charlotte de France, jusqu’au jour où le Roi, lui parlant pour la première fois, le chargeait de préparer Marie-Antoinette à la mort de Marie-Thérèse[1]. D’autres mérites de l’abbé étaient, aux yeux de la Reine, les antipathies de Mesdames tantes pour M. de Vermond, et cette façon d’exil infligé au zèle de ses efforts pour la rentrée du duc de Choiseul aux affaires, lors de la naissance de Marie-Thérèse Charlotte. La jalousie même des favorites, la jalousie de l’amitié si peu exigeante de madame de Lamballe[2], semblaient garantir à la Reine la sincérité de l’amitié de M. de Vermond. Les représentations prophétiques presque adressées par l’abbé de Vermond à la Reine, lors de la faveur de madame de Polignac, assuraient la Reine et de son

  1. Mémoires de Mme Campan, vol. I.
  2. Correspondance secrète (par Métra), vol. VI.