Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/33

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Après avoir dîné en public, la Dauphine allait visiter aux Cordeliers les tombeaux de sa famille[1]. La Dauphine repartait, couchait à

  1. Je n’utilise pas, à mon grand regret, pour l’autobiographie de Marie-Antoinette, les lettres des recueils d’Hunolstein et Feuillet de Conches. S’il n’y avait, contre ces lettres, que la langue, les tournures de phrase, enfin, selon l’expression de M. Geffroy, le ton littéraire et moral, je n’aurais pas la défiance absolue des éditeurs allemands et du critique français pour ces documents ; car, pour moi, la princesse qui a écrit au comte Rosemberg, dans cet autographe indiscutable : « Vous conviendrez que j’aurais assez mauvaise grâce auprès d’une forge, je n’y serais pas Vulcain et le rôle de Vénus pourrait lui (le roi) déplaire beaucoup plus que mes goûts qu’il ne désapprouve pas ;  » cette princesse aurait bien pu écrire certaines lettres des recueils d’Hunolstein et Feuillet de Conches. Malheureusement il est des arguments plus puissants auxquels, je dois l’avouer, M. Feuillet de Conches n’a pas répondu. Est-ce répondre quand on affirme qu’il n’a jamais existé aux Archives impériales de Vienne — fait ou défait — un cahier de copies de lettres de l’archiduchesse Dauphine ! Est-ce répondre catégoriquement que de dire : « À coup sûr une semblable objection ne saurait émaner des Archives elles-mêmes ! » Comment ne pas apporter une attestation officielle des Archives, déclarant si ce cahier existe ou a existé : oui ou non ! Est-ce répondre quand on affirme à propos d’une lettre qui fait assister Louis XVI le 14 janvier 1775 à la représentation d’Iphigénie en Aulide et qu’il est établi que le roi ne venait pas aux spectacles de Paris ; est-ce répondre catégoriquement que de dire : « Un curieux de Londres possède une lettre de Gluck constatant la présence du roi, qui en raison du deuil trop récemment déposé avait voulu garder l’incognito complet ! » Comment M. Feuillet de Conches, qui a couru toute l’Europe à la recherche d’autographes, n’a-t-il pas fait le voyage de Londres, pour rapporter, à la confusion de ses adversaires, le texte triomphant de l’autographe ! Est-ce une réponse acceptable, à propos de cette lettre, où Marie-Antoinette dit : « Je ne vous ai jamais parlé de Mme  Dubarry, » que la version qui fait de cette phrase à la seconde lecture : « Je ne vous ai jamais reparlé de Mme  Dubarry » et la transforme définitivement à la troisième lecture, avec l’aide d’un conseil d’experts et de con-