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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/335

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tive d’assassinat avait lieu dans les jardins de Saint-Cloud ; elle échouait encore. Les assassins découragés, se tournaient vers un autre assassinat. Le nom de madame de la Motte revenait dans la bouche du peuple : elle était à Paris, disait-on, logée chez madame de Sillery[1]. Puis, à ce moment, reparaissait en France le libelle infâme de cette femme, que Louis XVI était forcé de racheter et faisait brûler à Sèvres. Bientôt un odieux complot s’ébruitait : la femme la Motte aurait paru à l’Assemblée et protesté de son innocence. Un membre devait prendre la parole, représenter la suppliante comme une victime sacrifiée à la vengeance de la vraie coupable, de la Reine ; et il eût fini en demandant la révision du procès du collier. De cette façon, la Reine, appelée devant les nouveaux tribunaux organisées par la Révolution, aurait été jugée, ainsi que l’entendait un des ministres du Roi, son garde des sceaux, Duport du Tertre. M. de Montmorin, le seul ministre royaliste laissé à Louis XVI, défendant un jour la Reine dans le Conseil, et se plaignant timidement d’abord à Duport des menaces dirigées contre elle, du plan hautement avoué par tout un parti de l’assassiner, puis s’animant et finissant par demander à son collègue s’il laisserait consommer un tel forfait, Duport répondait froidement à M. de Montmorin qu’il ne se prêterait pas à un assassinat, mais qu’il n’en serait pas de même s’il s’agissait de faire le procès à la

  1. Journal de la ville et de la cour, 9 novembre 1790.