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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/337

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lequel il prend les choses a quelque chose de providentiel, et la bonne Élisabeth est touchée de cela comme d’une inspiration qui vient d’en haut. Le dérangement qu’il vient d’éprouver a à peine été connu du public. Vous avez su sans doute l’étrange avanture qui s’est passée à la comédie le mois dernier, le tapage et les applaudissements à mon apparution avec mes enfants : on a battu ceux qui vouloient faire du train et contrarier l’enthousiasme du moment ; mais les méchants ont bien vite le moyen de prendre leur revanche ; on peut voir cependant par-là ce que seroit le bon peuple et le bon bourgeois, s’il étoit laissé à lui-même ; mais tout cet enthousiasme n’est qu’une lueur, qu’un cri de la conscience que la faiblesse vient bien vite étouffer ; on auroit pu espérer d’abord que le temps raméneroit les esprits, mais je ne rencontre que de bonnes intentions ; mais pas un courage pour aller plus loin que l’intention et les projets. Je ne me fais donc aucune illusion, ma chère Lamballe, et j’attens tout de Dieu. Croyez à ma tendre amitié, et, si vous voulez me donner une preuve de la vôtre, mon cher cœur, soignez votre santé et ne revenez pas que vous ne soyez pas bien parfaitement rétablie.

« Adieu, je vous embrasse.

    « MARIE-ANTOINETTE. »

« Jamais, Madame, vous ne trouverez une amie plus vraie et plus tendre que

    « ÉLISABETH-MARIE[1]. »
  1. Histoire vraie.