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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/339

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« Ne revenez pas dans l’état où sont les affaires, vous auriez trop à pleurer sur nous.

Que vous êtes bonne et une vraie amie, je le sens bien, je vous assure, et je vous défends de toute mon amitié de retourner ici.

Attendez l’effet de l’acceptation de la Constitution.

Adieu, ma chère Lamballe, croyez que ma tendre amitié pour vous ne cessera qu’avec ma vie[1]. » Et lorsque madame de Lamballe repasse en France, la Reine, tremblante, lui renouvelle encore cette prière, à laquelle madame de Lamballe n’obéira pas : « Non, je vous le repette, ma chère Lamballe, ne revenez pas en ce moment ; mon amitié pour vous est trop alarmée, les affaires ne paroissent pas prendre une meilleure tournure malgré l’acceptation de la Constitution sur laquelle je comptois. Restez auprès du bon monsieur de Penthièvre qui a tant besoin de vos soins ; si ce n’étoit pour lui il me seroit impossible de faire un pareil sacrifice, car je sens chaque jour augmenter mon amitié pour vous avec mes malheures ; Dieu veuille que le temps ramenne les esprits ; mais les méchants répandent tant de calomnies atroces, que je compte plus sur mon courage que sur les évènements. Adieu donc, ma chère Lamballe, sachez bien que de près comme de loin,

  1. Le Quérard, juin 1856.