Aller au contenu

Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/344

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

menacée, et qui en a tout ensemble comme une terreur et comme une fierté, elle entretient longuement l’Empereur de l’incertitude de la victoire sur un peuple en armes, électrisé et furieux d’héroïsme. Pour mieux enchaîner encore l’impatience de son frère, pour mieux le défendre de l’impatience de ses entours, elle fait appel à ses intérêts de souverain, à ses intérêts de prince autrichien. Elle lui représente la certitude de l’alliance de la France avec le premier empire qui reconnaîtra la Constitution. Cette alliance, elle la promet à Léopold II, s’il laisse Louis XVI consolider les lois, assurer la paix, et réconcilier la France avec elle-même.

Que l’histoire cherche, que les partis supposent, que la calomnie invente : voilà toute la politique de Marie-Antoinette, la confession de tout ce qu’elle attend, de tout ce qu’elle prépare, de tout ce qu’elle empêche. Elle ne veut rien de l’étranger, rien même de son frère, que la soumission aux idées de concession et de temporisation de Louis XVI, une conduite conforme « au vœu manifesté par la nation, » une espérance sans impatience d’une reconstitution sans secousse. Surmontant ses répugnances et les débats de son orgueil, elle tient parole aux Girondins auprès de son frère ; elle reste fidèle à leurs conseils d’expectative tant que l’expectative ne devient pas une lâcheté et une désertion. Vainement Mercy-Argenteau répandait ses doutes et ses inquiétudes sur la franchise des intentions du parti girondin ; maltraitait auprès du