Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/35

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quebuse l’attendaient aux portes. Les trois rues conduisant à l’évêché étaient décorées d’arbres fruitiers de vingt-cinq pieds de hauteur, entrelacés de lierre, de fleurs, de gazes d’or et d’argent, de guirlandes de lanternes. Reçue par l’évêque au bas du perron du palais épiscopal, la Dauphine se rendait à ses appartements par une galerie magnifiquement éclairée. Après le souper, tandis que deux tables de six cents couverts, servies avec profusion, régalaient le peuple, la Dauphine, conduite dans un salon construit exprès pour elle, voyait, dans le rayonnement d’un feu d’artifice, le temple élevé par l’évêque au fond de son jardin sur une montagne d’où jaillissait une source. Un groupe le couronnait : c’était la Renommée annonçant la Dauphine à la France, et un Génie portant son portrait. Le lendemain, la Dauphine communiait dans la chapelle de l’évêque, recevait les présents de la ville, du chapitre et des corps, assistait dans l’après-dînée à un Te Deum en musique. Sortie de la cathédrale, elle se montrait au peuple, qui l’applaudissait. Le lendemain 14, à deux heures après-midi, elle partait pour Compiègne[1].

La route avait été, pour la Dauphine, un long et fatigant honneur ; mais elle avait été aussi une continuelle et douce ovation. « Qu’elle est jolie, notre Dauphine ! » disaient les villages accourus sur son passage, les campagnes endimanchées rangées sur les chemins, les vieux curés, les jeunes femmes.

  1. Mercure de France — Gazette de France, mai 1770.