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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/350

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prises étant de nature si elles sont fausses à jetter un désordre affreux non-seulement en France mais dans toute l’Europe, le mémoire contient des réflections générales qui feront juger sainement de l’état des choses. On recommande particulièrement à votre attention le passage suivant.

« Si l’Empereur soutenoit les émigrants on cesseroit de croire a la bonne foi du roi qu’on ne supposera jamais disposé à faire la guerre à son beau-frère ; si l’Empereur soutenoit les émigrants, cet équilibre de force engageroit à une guerre horrible et atroce ou la dévastation et le carnage seroit sans bornes, ou l’on chercheroit, l’on parviendroit peut-être à débaucher de part et d’autre les soldats, ou l’on pourroit essayer à rallier tous les peuples à une cause commune contre les nobles et les rois ; si l’Empereur soutenoit les émigrés, si seulement il pouvoit l’espérer, ils se livreroient aux plus folles et aux plus coupables espérances, car ils sont moins attachés au roi qu’à leur cause propre.

« Adieu, mon cher frère, je vous embrasse et je vous aime du plus profond de mon cœur et jamais je ne peu changer.

« MARIE-ANTOINETTE[1]. »

Ajoutons à cette lettre la lettre accompagnant le Mémoire :

  1. Lettre autographe signée, communiquée par M… et publiée ici pour la première fois.