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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/366

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pour la France et le Roi que de la France étrangère, de l’épée des princes, du comte d’Artois. En cela, ses amitiés et ses sympathies conspirent avec ses idées. Le comte d’Artois a pour Madame Élisabeth ces grâces d’un cœur étourdi et d’une jeunesse un peu vive dont les femmes les plus pieuses ne laissent pas que d’être touchées. Ignorante des intrigues, moins éclairée que la Reine sur le secret et le fond des hommes et des choses, il lui sourit de voir le restaurateur de la liberté et du trône de Louis XVI en ce frère dont le nom revient si souvent sous sa plume, en ce frère qu’elle aurait suivi s’il n’avait pas fallu, pour le suivre, abandonner le Roi. Effrayée dans ses croyances monarchiques par les gens d’affaires de la Reine, par ce vieux renard de Mercy, tous ses efforts et toute son habileté se tournent sans bruit et dans l’ombre à amener un rapprochement entre la Reine et Coblentz :

« Pour parler plus clairement, rappelle-toi la position où s’est trouvé ce malheureux père[1] : l’accident qui le mit dans le cas de ne pouvoir plus régir son bien, le jeta dans les bras de son fils[2]. Le fils a eu, comme tu sais, des procédés parfaits pour ce pauvre homme, malgré tout ce que l’on a fait pour le brouiller avec sa belle-mère[3]. Il a toujours résisté ; mais il ne l’aime pas (elle). Je ne le crois pas aigri, parce qu’il en est incapable ; mais je crains que ceux qui sont

  1. Le Roi.
  2. Le comte d’Artois.
  3. La Reine.