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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/381

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la Commune ; les commissaires nommés pour mettre les faubourgs sur pied. Elle sait que la moitié de la garde nationale est du parti des Jacobins[1] ; elle sait que la Pipe et la fille Audu attendent leur monde, et que Nicolas est allé prendre son costume du 20 juin…[2]. La Reine attendait. Le jour suprême est enfin venu : la Reine est prête.

La Reine descend chez le Dauphin : il dort. Un coup de fusil part dans la cour des Tuileries : « Voilà le premier coup de feu, dit-elle, malheureusement ce ne sera pas le dernier…[3]. » Et elle monte chez le Roi avec Madame Élisabeth. Pétion entre : « Monsieur, lui dit Louis XVI, vous êtes le maire de la capitale, et le tocsin sonne de toutes parts ! Veut-on recommencer le 20 juin ? — Sire, répond Pétion, le tocsin retentit malgré ma volonté ; mais je me rends de ce pas à l’Hôtel de ville, et tout ce désordre va cesser. » Et Pétion va pour sortir : « Monsieur Pétion, dit aussitôt la Reine, le nouveau danger qui nous menace a été organisé sous vos yeux, nous ne pouvons pas en douter. Dès lors vous devez au Roi la preuve que cet attentat vous répugne. Vous allez signer, vous allez signer comme maire l’ordre à la garde nationale parisienne de repousser la force par la force ; et, ajoute la Reine, vous res-

  1. Mémoires de Mme Campan, vol. II.
  2. Rapport à M. d’Hervilly, le 8 août 1792 ; huitième recueil des Pièces justificatives de l’acte énonciatif des crimes de Louis Capet, réunies par la commission des Vingt et un.
  3. Mémoires de Mme Campan, vol. II.