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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/411

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toute réponse un regard froid, et, muette, alla s’asseoir avec sa fille sur le canapé. Drouet attendit, puis salua[1]. Quand il fut sorti : « Pourquoi donc, ma sœur, — dit la Reine à Madame Élisabeth, — l’homme de Varennes est-il remonté ? Est-ce parce que c’est demain le jour des morts…[2] ?  »

Le jour des Morts ! triste jour qui est le jour de votre naissance, Marie-Antoinette !… Sinistre pronostic, qui jetait son inquiétude à vos plus riantes pensées, à vos plus jeunes années[3] !

Le Roi tombait malade vers la mi-novembre : après le Roi, le Dauphin. La mère n’avait pu obtenir que le lit de son fils fût transporté dans sa chambre pendant la maladie de Louis XVI. Elle demandait de descendre passer la nuit auprès de son fils malade. Sa demande était repoussée ; et déjà une barbarie hypocrite commençait à mettre entre la maladie des prisonniers et l’appel d’un médecin, entre l’ordonnance des médicaments et leur délivrance, entre la demande et l’accord des nécessités de la vie et de la santé, les formalités, les apostilles, les considérants, les notes de Tison au conseil du Temple, les délibérations du conseil, les renvois au conseil général de la Commune, les délibérations et les arrêtés de la Commune. Tous besoins de la Reine, toutes choses, les choses de l’habillement, du boire, du manger, et cette eau de Ville-d’Avray, la seule eau que son estomac peut

  1. Récit de Madame.
  2. Louis XVII, par A. de Beauchesne, vol. I.
  3. Maximes et pensées de Louis XVI et d’Antoinette.