Aller au contenu

Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/440

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

La Révolution ira jusqu’à promettre 300,000 livres de la tête de M. de Batz. La Révolution recommandera à l’accusateur public de supprimer, dans le réquisitoire contre ses coaccusés, les détails des grands projets de Batz, et d’en dire seulement le fond sans en indiquer les moyens[1], craignant de révéler comment un homme avait lutté avec elle et l’avait mise en péril.

Rien cependant, aux premiers jours de la Révolution, n’annonçait un pareil homme dans ce grand sénéchal d’Albret, député aux états généraux par la noblesse de sa province. Il ne s’était fait remarquer que par ses connaissances en matière de finances, son opposition à la création des assignats, ses importants rapports sur la dette, en qualité de président de la section du comité de liquidation. Le 12 et le 15 septembre 1791, il protestait contre les opérations de l’Assemblée nationale. Puis sa trace se perd. « Retour et parfaite conduite de M. Batz, à qui je redois 512,000 livres, » il n’est que cette phrase d’un journal de Louis XVI, à la date du 1er juillet 1792, pour nous dire que l’oblation de la fortune et de la vie de M. de Batz à la cause royale est commencée. Après le 10 août, M. de Batz rejoint les princes. Le procès du Roi le rappelle à Paris. Il ne peut enlever le Roi du Temple ; mais, le 21 janvier, c’est M. de Batz qui, sur le passage du Roi, s’élance avec trois amis criant : « À nous, ceux qui veulent sauver le Roi ! » Désolé de n’avoir point eu le bon-

  1. Mémoires sur Louis XVII, par Eckard. Pièces justificatives, 6, 7, 8 et 9.