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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/465

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sans conseil, elle ne s’abaisse ni ne se livre ; et de cet interrogatoire, il ne reste aux questionneurs que la colère et la honte de n’avoir pu la surprendre, de n’avoir pu l’intimider.

C’est vainement qu’ils ont fait de leur interrogatoire l’écho stupide des stupidités d’un peuple en enfance ; vainement qu’ils ont été ramasser leurs accusations parmi les fables et les commérages du marché aux herbes ; vainement qu’ils ont promené leurs demandes sur tout ce Credo de la sottise et de la peur, des milliards envoyés par Marie-Antoinette à l’empereur d’Autriche, des balles mâchées par Marie-Antoinette le matin du 10 août ! Ils n’ont fait que préparer de nobles réponses à la victime qu’ils tiennent sur la sellette.

Herman et Fouquier accusaient Marie-Antoinette « d’avoir appris à Louis Capet cet art de profonde dissimulation avec laquelle il a trompé trop longtemps le bon peuple français. »

À quoi Marie-Antoinette répondait : « Oui ! le peuple a été trompé ; il l’a été cruellement, mais ce n’est ni par mon mari, ni par moi. »

Herman et Fouquier l’accusaient « d’avoir voulu remonter au trône sur les cadavres des patriotes ».

À quoi Marie-Antoinette répondait « qu’elle n’avait jamais désiré que le bonheur de la France, » ajoutant : « Qu’elle soit heureuse ! mais qu’elle le soit ! je serai contente. »

Il fallait pourtant que ce premier interrogatoire apportât à l’interrogatoire public, à l’accusation, à la condamnation, un fait, une preuve, ou au moins