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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/490

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ordonne qu’à la requête de l’accusateur public le présent jugement sera exécuté sur la place de la Révolution et affiché dans toute l’étendue de la République. »

La Reine demeure impassible[1]. Elle descend du banc le front haut, et ouvre elle-même la balustrade[2].

  1. Chauveau-Lagarde, dans sa note historique sur le procès de Marie-Antoinette, dit que la Reine eut comme une surprise du verdict prononcé par le Tribunal révolutionnaire. Elle traversait la salle ne paraissant rien voir, rien entendre, jusqu’à ce qu’elle fût arrivée contre la barrière où était le peuple. « Là, elle relevait la tête avec majesté. » Et l’avocat de la Reine admire ce courage se relevant sous le coup de la plus terrible désillusion.
  2. Le Magicien républicain s’exprime ainsi sous la plume du citoyen Rouy l’aîné, témoin oculaire «…La procédure fut terminée à 4 heures et demie du matin par le jugement du Tribunal qui la condamne à la peine de mort ; elle l’a écouté avec beaucoup de sang-froid, et elle est descendue à la chambre de justice d’un pas aussi léger qu’autrefois, lorsqu’elle se rendait dans les boudoirs de Saint-Cloud et de Trianon… Elle remit alors un anneau d’or et un paquet de ses cheveux à l’un de ses défenseurs pour les donner à une citoyenne nommée Hiary (sic), demeurant à Livry, chez la citoyenne Laborde, qu’elle a dit être son amie. » Il s’agit de la boucle de cheveux et des deux anneaux d’or servant à la Reine de boucles d’oreille et remises par elle à Tronçon-Ducoudray pour Mme de Jarjayes.

    À propos des deux boucles d’oreilles, disons qu’il existe un grand nombre de reliques fausses dont la possession a été attribuée à Marie-Antoinette. Et ici j’élèverai des doutes sur le fameux soulier du Musée des Souverains, provenant de la succession de M. de Guernon-Ranville, et ramassé, dit-on, par un homme du peuple au pied de l’échafaud au moment où la Reine y montait. Nous avons un témoignage de la surveillance exercée par la police ce jour-là ; c’est le procès fait au gendarme Mingault qui passa au Tribunal révolutionnaire