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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/499

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retourner. Le prêtre Girard, en habit bourgeois, monte dans la charrette, et s’assied aux côtés de la Reine. Sanson se place derrière, le tricorne à la main, debout, appuyé contre les écalages de la charrette, laissant, avec un soin visible, flotter les cordes qui tiennent les bras de la Reine. L’aide de Sanson est au fond, debout comme lui et le tricorne à la main[1]. Il ne devait y avoir en ce jour de décent que les bourreaux.

La charrette sort de la cour, et débouche dans la multitude. Le peuple se rue, et se tait d’abord. La charrette avance, au milieu des gendarmes à pied et à cheval, dans la double haie des gardes nationaux.

La reine est vêtue d’un méchant manteau de lit de piqué blanc[2], par-dessus un jupon noir. Elle porte un ruban de faveur noire aux poignets, au cou un fichu de mousseline unie blanc[3] ; elle a des bas noirs, et des souliers de prunelle noire, le talon haut de deux pouces, à la Saint-Huberty[4]. La Reine n’a pu obtenir d’aller à l’échafaud tête nue : un bonnet de linon, sans barbes, un bonnet repassé par elle le matin, cache au peuple les cheveux que la Révolution lui a faits, des cheveux tout

  1. Récit du Vte Charles Desfossez. Louis XVII, par Beauchesne, vol. II.
  2. Histoire de Marie-Antoinette, par Montjoye, vol. II. — Bulletin du tribunal criminel révolutionnaire, n° 32.
  3. Récit du Vte Charles Desfossez.
  4. Mémoires secrets et universels sur la Reine de France, par Lafont d’Auxonne. Déclaration de Rosalie Lamorlière.