Page:Goncourt - Journal, t1, 1891.djvu/149

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détails sur un nommé Henri Clémence, juré au Tribunal révolutionnaire, et qui, devenu maître d’école sous la Restauration, avouait, dans le vin, son culte pour l’Incorruptible, mélangé de l’apologie franche de la guillotine. Et Lavallée nous raconte ses révoltes à propos de cette glorification, — lui qui était cependant très libéral, — nous disant avec justice que sa génération n’avait pas été encore apprivoisée au Robespierre, par des tentatives d’explication comme dans Thiers ou des poétisations comme dans Lamartine.

Lavallée nous conte ensuite que Feuillet de Conches a montré l’autre jour, en petit comité, à l’Empereur et à l’Impératrice, des lettres de Marie-Antoinette, et que Feuillet a été tout étonné d’entendre l’Empereur parler. Et son thème a été celui-ci à propos de ces lettres : « Quand on est bon, on paraît lâche ; il faut être méchant pour qu’on vous croie courageux ! »

Soirée passée avec les mêmes chez Soulié. Delécluze des Débats survient. Conversation anti-catholique. C’est vraiment curieux d’étudier combien le voltairianisme est jeune, ardent, militant chez ces vieillards. Puis il nous parle des peintures de la Sainte-Chapelle qu’il a été voir avec son neveu Viollet-le-Duc, qui s’est écrié : « Eh bien, maintenant il faut un perroquet pour cette cage ! » Et là-dessus il s’élève contre la polychromie de l’architecture et de la sculpture, affirme que Pausanias n’a dit nulle part que les Grecs peignaient leurs statues, et que l’exem-