Page:Goncourt - Journal, t1, 1891.djvu/184

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sives, qui leur défendent, comme au XVIIIe siècle, les loges honnêtes, qui corrigent leur insolence, refrènent leurs prospérités, les remettent à leur place — au ruisseau.

Tout cela viendra, et il viendra encore autre chose : une grande lessive. C’est un temps anormal, une annihilation trop énorme de la cervelle et du cœur de la patrie, une matérialisation de la France trop purulente, pour que la société ne crève pas. Et alors ce ne sera pas qu’un 93 ! Tout y passera peut-être !

20 janvier. — Comme on causait, aux bureaux de l’Artiste, de Flaubert, traîné, à notre instar, sur les bancs de la police correctionnelle, et que j’expliquais qu’on voulait en haut la mort du romantisme, devenu un crime d’État, Théophile Gautier s’est mis à dire : « Vraiment, je rougis du métier que je fais ! Pour des sommes très modiques qu’il faut que je gagne, parce que sans cela je mourrais de faim, je ne dis que la moitié du quart de ce que je pense… et encore je risque, à chaque phrase, d’être traîné derrière les tribunaux. »

— Une jeune fille de ma connaissance a eu la plus fraîche, la plus délicate, la plus poétique imagination de cœur. Elle s’est fait un reliquaire de gants : de gants qu’elle portait le premier jour, où elle a donné la main à une personne aimée.

— Louis m’a dit aujourd’hui : — Au fait, tu sais,