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de recevoir une impulsion, un la. Il faut qu’on lui fouette le temps, la pensée, la causerie, les nerfs. Si elle n’est tenue impérieusement en haleine, vous avez chez elle la rêvasserie insipide.

 

La femme aime naturellement la contradiction, la salade vinaigrée, les boissons gazeuses, le gibier faisandé, les fruits verts, les mauvais sujets.

 

La femme semble toujours à avoir à se défendre de sa faiblesse. C’est à propos de tout et de rien, un antagonisme de désirs, une rébellion de menus vouloirs, une guerre de petites résolutions incessantes et comme faites à plaisir. La combativité est, à ses yeux, la preuve de son existence.

La femme gagne à ces batailles sourdes, courtoises, mais irritantes, une domination abandonnée, des victoires sur la lassitude, en même temps qu’un tantinet de mépris de l’homme, qui n’aime à se dépenser qu’en gros et non en détail sur de toutes petites choses.

 

La domination est la volonté fixe de la femme. L’exigence est son moyen, la patience sa force.

 

Au fond la lorette n’est que l’exagération de la femme.

23 août. — Murger nous dit l’oraison funèbre de Planche par Buloz : « J’aimerais autant avoir perdu 20 000 francs. »