Page:Goncourt - Journal, t1, 1891.djvu/309

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les difficultés augmentent à mesure qu’il avance, et forcé d’allonger sa couleur locale, ainsi qu’une sauce.

— Tous les mariages aujourd’hui se font sous le régime dotal. Les parents veulent bien livrer au mari, le corps, la santé, le bonheur d’une fille, enfin toute sa femme, — sauf sa fortune.

Fin novembre. — Aujourd’hui, — je ne sais pas quel jour nous sommes, et pour combien de jours ce sera — nous avons un groom. Il a une vraie livrée : une grande redingote vert russe, un pantalon noisette, une cravate blanche et un chapeau à cocarde noire. Il tombe d’Afrique, où il a mangé de la panthère, et encore plus, je crois, de la vache enragée. C’est une charité que je fais, à ce que me dit Rose, qui est sa tante. Il a un visage, moitié singe, moitié voyou de Londres, et une petite tête et un petit corps, où semblent germer tous les mauvais instincts d’un cocher de remise, d’une bonne de fille, d’un enfant de pauvre, enfin le type complet de l’emploi. Avec cela il est socialiste, et fort monté contre les rentiers et les propriétaires.

Rose, qui, à notre école, commence à faire des tirades comme dans une pièce des boulevards, lui prêche, dans un coin de la cuisine, la religion de l’honneur.

9 décembre. — Comme nous allions, il y a deux jours, au Musée du Louvre, demander la permission