Page:Goncourt - Journal, t1, 1891.djvu/34

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fait rien. Qu’est-ce qu’on peut me dire : que je suis bête, que je suis vieux, que je suis laid ! Ça m’est parfaitement égal… Ce Roqueplan, un homme tout couvert de l’æs alienum, comme dit Salluste… Tenez, il y a un jeune homme, l’auteur d’une Sapho, qui a touché juste, le mâtin ! Il a mis dans sa préface : les auteurs qui vont louer leurs livres au cabinet de lecture… Et ce Pyat… J’ai voulu devant les magistrats dire toute ma conduite, montrer toute ma vie… Mais quand on me dit que je ne sais pas le français, moi, qui ne sais que cela… car je ne sais ni l’histoire, ni la géographie, ni rien… mais le français, cela me paraît prodigieux… Tout de même, ils ne m’empêcheront pas d’avoir tout Paris à mon enterrement ! »

Et nous reconduisant jusqu’à la porte de son cabinet, il nous dit : « Voyez-vous, jeunes gens, il ne faut pas trop, trop de conscience ! »

— Sur la route de Versailles, au Point-du-Jour, à côté d’un cabaret ayant pour enseigne : À la renaissance du Perroquet savant, un mur qui avance avec de vieilles grilles rouillées qu’on ne dirait jamais s’ouvrir. Le mur est dépassé par un toit de maison et par des cimes de marronniers étêtés, au milieu desquels s’élève un petit bâtiment carré, — une glacière surmontée d’une statue de plâtre tout écaillée : la Frileuse d’Houdon.

Dans ce mur fruste, une porte à la sonnette de tirage cassée, dont le tintement grêle éveille l’aboie-