Page:Goncourt - Journal, t1, 1891.djvu/360

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Gerlach. Dans ces lettres se trouvaient toutes les révélations possibles sur la défense de Sébastopol. Ainsi on y disait : « Si tel jour on avait attaqué Sébastopol à tel endroit, il était pris. » Et encore : « Il n’y a qu’un point à attaquer (et qu’on désignait) et tout est perdu, mais tant que les Français ne l’auront pas trouvé, il n’y a rien à craindre. » Le gouvernement français achetait le voleur qui interceptait la correspondance au profit du ministre, et l’empereur Napoléon avait communication des lettres révélatrices. Il envoyait aussitôt à Pélissier l’ordre de tenter l’assaut sur un endroit qu’il lui indiquait, toutefois sans pouvoir lui mander sur quoi il fondait la certitude de son succès.

Pélissier ayant en mémoire l’assaut manqué du 18 juillet, se refusa à donner l’assaut demandé par l’Empereur. Dépêches sur dépêches. Pélissier impatienté, et qui n’était pas commode, coupe le télégraphe. L’Empereur est au moment de partir. Enfin le général Vaillant est envoyé, et les indications de M. de Munster font gagner la Tchernaia et attaquer Malakoff dans le point juste où il fallait l’attaquer.

Ces lettres n’ont coûté que 60,000 francs, un morceau de pain. Maintenant, allez voir la prise de Malakoff d’après les journaux, au Panorama[1].

  1. Note communiquée. « On a su depuis par une publication de M. Seiffert, le directeur de la Cour des comptes à Potsdam, que M. de Manteuffel, le ministre des affaires étrangères, pour se prémunir contre les agissements du parti russe, très puissant alors à la cour de Berlin, avait de compte à demi avec