Page:Goncourt - Journal, t1, 1891.djvu/394

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

étalages, et où je ne sais quoi de poignant vous mord à la vitrine d’un libraire, où vous n’êtes pas exposé. Enfin, tout le travail haletant de votre pensée nerveusement partagée entre l’espérance et la désespérance : tout cela vous bat, vous roule, vous retourne comme des vagues un naufragé.

— J’ai parfois l’idée, si je devenais riche, de me faire peindre, pour l’été, un paysage, un paysage très bien peint — et rafraîchi par un vrai courant d’air.

— Le confortable anglais est l’admirable entente du bonheur matériel du corps, mais d’une espèce de bonheur d’aveugle, où rien n’est donné au sens artiste de l’homme, à l’œil.

9 août. — Croissy. Une rude capitale que ce Paris, dont la vie nocturne projette au-dessus de l’endroit où il est, une réverbération d’incendie, — et je suis à huit lieues de Paris.

Mardi 3 septembre. — Nous partons avec Saint-Victor pour un petit tour sur les bords du Rhin et en Hollande.

Pourquoi nous, la France, si rayonnante, si intellectuellement diffuse, si envahissante par nos idées, nous une nation d’une si grande déteinte sur tout le monde, pourquoi subissons-nous sur toutes nos frontières la langue et les mœurs de nos voisins ? Pourquoi la frontière allemande est-elle allemande ?