Page:Goncourt - Journal, t2, 1891.djvu/110

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Puis s’entame une énorme discussion sur Dieu et la religion, une discussion née de la fermentation d’une bonne et chaude digestion en de grandes cervelles. Et Taine explique les avantages et les commodités du protestantisme pour les esprits supérieurs par l’élasticité du dogme, et par l’interprétation que chacun, selon la nature de son esprit, peut fournir à sa foi. « Au fond, finit-il par dire, tout cela est une affaire de sentiment, et j’ai la conviction que les natures musicales sont portées au protestantisme et les natures plastiques au catholicisme. »

20 mars. — Soirée chez Nieuwerkerke au Louvre. On dépose les paletots dans la galerie des Miniatures, et on fait de la musique dans le salon des Pastels. Soirée sérieuse ainsi que l’est une soirée d’hommes.

À minuit les intimes montent en haut, et l’on regarde faire à Eugène Giraud la charge de Doré, séance tenante, en faisant sécher les touches d’aquarelle au-dessus de la lampe. Cela au milieu d’une conversation, où il est fort question de permutations, de changement de costumes dans les régiments de cavalerie, de commandants faisant jouer leurs musiques devant madame une telle et une telle, — conversation sentant un peu le café militaire.

25 mars. — À dîner chez Gisette, où chaque femme se met à confesser son caractère.

— Moi, je suis mauvaise comme la gale ! s’écrie Gisette.