Page:Goncourt - Journal, t2, 1891.djvu/123

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que tout votre Homère… Oui, je lis avec plus de plaisir Adolphe que l’Iliade.

— C’est à se jeter par la fenêtre, quand on entend des choses comme cela ! hurle Saint-Victor. »

Les yeux lui sortent de la tête. On a marché sur son Dieu, on a craché sur son hostie. Il trépigne et beugle : « C’est insensé… Peut-on vraiment… D’abord les Grecs sont indiscutables… Tout est divin chez eux. »

Hourvari général pendant lequel Sainte-Beuve se signe avec une piété d’oratorien, en murmurant : « Mais, Messieurs, le chien d’Ulysse… » et que Gautier lance : « Homère, un poème de Bitaubé… oui, c’est Bitaubé qui l’a fait passer… Homère n’est pas ça. On n’a qu’à le lire dans le grec. C’est très sauvage… »

Et moi je disais à mon voisin : « On peut nier Dieu, discuter le pape, dégueuler sur tout… mais Homère… C’est singulier les religions en littérature ! »

Enfin cela s’apaise, Saint-Victor tend la main à Edmond, et le dîner reprend.

Mais ne voilà-t-il pas que Renan se met à dire qu’il travaille à ôter de son livre toute la langue du journal, qu’il essaye d’écrire la vraie langue du XVIIe siècle, la langue définitivement fixée, et qui peut suffire à rendre tous les sentiments.

— Vous avez tort et vous n’y arriverez pas, riposte Gautier, je vous montrerai dans vos livres quatre cents mots qui ne sont pas du XVIIe siècle… Vous avez des idées nouvelles, n’est-ce pas, eh bien à des