Page:Goncourt - Journal, t2, 1891.djvu/185

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aventure, il y a une sorte d’appréhension de se trouver sur la sellette de son avenir.

Et puis la mise en scène est bien faite. Rien de trop théâtral. L’homme en habit noir, et seulement, pour accessoires, deux grandes loupes carrées, que le mari et la femme tiennent en main, et qui semblent, par moments, avoir les lueurs fantastiques des loupes fabriquées par des lunetiers d’Hoffmann.

Desbarolles s’est mis à me conter, ce que ma main lui disait.

Il parle doucement, lentement, par petites phrases qui font entrer, à petits coups, la chose dite. Et cela, il le fait en consultant sa femme qui lui souffle par-ci par-là : un peu de Saturne, un peu de Mercure, des termes de chiromancie… Desbarolles m’a trouvé le sens de la musique ! Diable ! diable !… Il s’est rattrapé en me découvrant une nature de femme très nerveuse, sujette à de fréquentes névralgies, puis le sens de la forme et une assez belle ligne de vie.

En dernier lieu, sur une grosseur développée à la base interne de l’index, il a perçu chez moi, et très développé, le désir de me faire connaître. Ce à quoi je n’ai pu m’empêcher de dire : « C’est vrai ! »

— Souvent une impression d’enfance donne le pli, le caractère de toute une vie. — On me racontait que Mérimée est un être uniquement fabriqué de la crainte du ridicule, et que cela vient de ceci. Enfant, un jour on le gronda, et, sorti de la chambre, il en-