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Page:Goncourt - Journal, t2, 1891.djvu/207

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peigne fait de grecques d’or, une nuque ronde comme un fût de colonne ; et de là s’abattant dans une rondeur polie de marbre, les épaules, les omoplates, qui, par la pose un peu renversée de la femme, fuient et s’enfoncent dans la robe, avec des repliements pareils à des courbes d’ailes, des épaules qui donnent vraiment à l’œil la caresse d’une sculpture. Un dos antique du Directoire, et un bout de profil long. Une femme qu’on voit dans une fête de Barras et dans un portrait de Pagnest… Boitelle m’apprend que c’est le dos de Mme de P…

Une autre. Des traits si délicatement découpés, d’un dessin si caressé et si net, qu’ils semblent comme ciselés aux paupières ; une tête qui a la finesse et la gravure de traits des sculptures de poirier du XVIe siècle, en même temps que des modelages menus de têtes de poupées chinoises.

Une autre. Un médaillon de Syracuse, une mignonne tête, le front étroit, l’arc des sourcils remontant, le petit nez droit, les yeux noirs comme des diamants noirs, la bouche vaguement entr’ouverte dans un sourire de statue. Elle respire, je ne sais quelle grâce grecque, quelle coquetterie antique, distraite, presque lointaine, qu’on se rappelle d’un marbre d’un Musée, et dont sa robe au repos, dessine les plis et la simplicité tombante.

Une autre. De légères boucles de cheveux blonds, semées sur le haut du front, des yeux aux ombres profondes, au blanc bleuâtre, à la prunelle veloutée ; des yeux enfoncés et doucement lumineux entre la