Page:Goncourt - Journal, t2, 1891.djvu/244

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de la musique sur une place, puis fermer toutes les issues, et organiser une presse au lasso. Ces moyens ne font pas des soldats bien attachés au drapeau ; loin de là, ils sont toujours prêts à passer pour le plus petit avantage de l’autre côté, si bien que là-bas l’expression déserter n’existe pas ou ne s’emploie jamais… et la peur du passage à l’ennemi est telle, qu’un moment Juarez était forcé de faire surveiller son infanterie par sa cavalerie.

« Puis, ajoute-t-il, là-bas tout grade supérieur dans l’armée est regardé comme une position à exploiter, » et il nous assure qu’au siège de Puebla, « Ortéga vendait de la farine à notre armée… »

Au milieu de la causerie, Girardin entre dans le salon, tout rajeuni. Il vient de faire recevoir aujourd’hui le Supplice d’une Femme à la Comédie-Française, et le publiciste a des yeux de velours pour qui lui parle de sa pièce, de la distribution des rôles.

14 décembre. — Une fable me rappelle toujours ces scènes d’animaux empaillés : un duel de grenouilles, une guenon à sa toilette, — qui sont chez les naturalistes.

25 décembre. — Au château de d’Osmoy…

À l’affût dans le parc. Les arbres roux, dans un ciel qui semble coloré de la chaude fumée d’un incendie, et la lisière du bois regardant le couchant, comme déchiquetée sur du feu, et toute gazouillante et toute rossignolante du sautillant bonsoir des oiseaux au soleil.