Page:Goncourt - Journal, t2, 1891.djvu/260

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17 février. — Quand Flaubert eut des clous, l’année dernière, Michelet dit à l’un de ses amis : « Qu’il ne se soigne pas, il n’aurait plus son talent ! »

C’est peut-être une grande idée. Je ne sais qui a dit que, lorsque Napoléon avait été guéri de la gale, il n’avait plus gagné de batailles. L’âcreté du sang chez Chamfort devait faire son âcreté d’esprit.

Frémiet me racontait que Rude s’amusait à mettre, à côté de la belle tête du cheval de Phidias, la tête d’un cheval de fiacre, et qu’il faisait observer que c’était la même chose, que seulement la tête du cheval de fiacre était encore plus belle. Et Rude soutenait que les Grecs faisaient ce qu’ils voyaient, la nature, avec leur tempérament de grands artistes, mais sans aucune préoccupation ou recherche d’idéal.

— Une femme qui reconnaît avoir tort et qui n’est pas de mauvaise humeur… où la trouverez-vous ?

Dimanche 26 février. — On parle chez Flaubert de cette femme mêlée à tout ce qu’il y a eu de caché, de honteux, de scandaleux, depuis les tripotages politiques de Guizot jusqu’au maquerellage de la Deslions ; de cette femme à tête de criminelle qui ressemble à la veuve de Jean Hiroux.

On nous la montre, sa voiture attelée, dès sept heures du matin, courant Paris d’un bout à l’autre, pénétrant par des portes dérobées chez tout le monde politique et financier. Pendant le long temps