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Page:Goncourt - Journal, t2, 1891.djvu/270

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d’être tranquille, et de ne pas trembler sur la perte de l’un d’eux.

— Oh ! alors, quelles femmes ?

— Mais des femmes possibles, princesse !

— Princesse, interrompt Sainte-Beuve, vous ne savez pas cela, demandez à ces messieurs de Goncourt, il y avait au XVIIIe siècle des sociétés particulières qui fournissaient ces femmes-là, des sociétés du moment.

— Oui, reprend Giraud, supposez des personnes qui descendraient de ces sociétés-là, et qui, à première vue, dans le monde se reconnaîtraient en s’abordant, et se comprendraient d’un clin d’œil.

— Tenez, fait la princesse, vous me dégoûtez. Ah ! le saligot ! »

Le vieux Giraud s’agenouille devant la princesse avec les yeux d’un satyre qui s’humilie, et les cheveux de ces caricatures du Punch qui ont trois fils d’archal sur la tête. Et il embrasse une main que la princesse retire aussitôt, et fait mine d’essuyer contre sa robe.

— La maladie sensibilise l’homme pour l’observation, comme une plaque de photographie.

Et moriens, reminiscitur Argos. On voit par cette citation comme, dans la littérature ancienne, le regret de la patrie, chez un mourant, est pris dans ce que la patrie a de plus général, de moins défini. Or, à l’heure présente, il n’y a pas un homme de génie ou de talent, depuis Hugo jusqu’au dernier de