Page:Goncourt - Journal, t3, 1888.djvu/199

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des Gouttes. Il se trouve que la moitié de nos titres a été perdue par nous et l’autre moitié par le notaire.

— Nous emportons de chez Pierre Gavarni, des cartons de papiers, des morceaux de la vie de Gavarni, et nous nous y plongeons, du lever au coucher. Une espèce d’autopsie qui semble aspirer, absorber notre existence, si bien qu’il nous semble ne plus exister de notre vie propre, mais de la vie de l’homme que nous étudions, que nous fouillons, que nous creusons, de l’homme derrière lequel nous emboîtons le pas, entraînés dans le tourbillon de cette activité vagabonde de Juif-Errant d’affaires et d’amour, qui nous fatigue à sa fatigue.

— L’éloignement est excellent pour la gloire et le retentissement d’un homme vivant : Voltaire à Ferney, Hugo à Jersey, deux solitudes qui riment et semblent se faire écho. Pour un homme de génie ou de talent : se montrer, c’est se diminuer.

— Quand on est très ennuyé, la vie perd de sa réalité ; il semble qu’il y ait du songe dans les faits, les spectacles, les passants.

— Sous l’agacement du bruit, il arrive une espèce