Page:Goncourt - Journal, t3, 1888.djvu/254

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portance… les articles… Puis tu m’as assez lu… avec moi, il faut lire entre les lignes.

— Enfin, reprend sèchement Saint-Victor, tu as écrit la solidité des choses éternelles.

— Bah ! laisse tomber Gautier, avec tout le dédain que le journaliste de l’Officiel peut avoir pour un article de journal.

En sortant, la princesse inquiète de la santé de Gautier, et qui lui a envoyé son médecin, le docteur Elloco, nous attire de la main, et nous dit à voix basse : « Il paraît que ce n’est pas la poitrine, mais le cœur ! »

Et pendant qu’il nous ramène en voiture, le cher homme est attendrissant, touchant, et nous met au bord des yeux une larme, avec le comique d’un mourant à la fois pantagruélique et shakespearien : « Je vous le répète, dit-il, on est fichu, aussitôt qu’on se soigne… Me voilà dans les remèdes… Eh bien ! vous voyez, ça ne va plus. »

4 décembre. — La nuit, quand elle n’est plus la réfection de plomb de la jeunesse et de la santé, est bête comme un espace de temps inutile, vide et noir, une intermittence stupide du travail et de l’idée, une non-valeur stérile de la vie, déjà si courte pour l’activité pensante.

À un certain âge, la nuit, c’est l’ennui de ne pas être au lendemain.