Page:Goncourt - Journal, t3, 1888.djvu/37

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mlle R***. Aujourd’hui le Figaro m’apprend qu’elle est morte… Un détail, affreusement dramatique qu’on me donne : sa mère paralysée de tout le corps n’ayant pu l’embrasser pendant son agonie, on la lui apporta morte. Elle n’a pu que baiser son cadavre.

— Je remarque que les fougueux célébrateurs du nu, des vieilles civilisations athlétiques et gymnastiques, sont en général de cagneux universitaires, au pauvre et étroit torse, enfermé dans un gilet de flanelle.

— Un de ces soirs, j’ai vu au Théâtre-Français, après le Malade imaginaire, ce qu’on appelle la Cérémonie. Cérémonie c’est bien le mot. C’est une solennité. Rien de plus curieux : c’est antique, archaïque, presque gothique. On est reporté au temps du comique gaulois, du grand siècle, du bon goût et des pissotières dans les grands appartements de Versailles.

De majestueux faisceaux de seringues marchent, comme des haches de consuls, devant le rire. Les manteaux, les robes, l’hermine, les bonnets carrés des hommes et des femmes, la pourpre universitaire, le personnage du præses, le latin de cuisine et de latrine, les réponses du clysterium dare, le plain-chant de Diafoirus et de Purgon, font songer à un paranymphe du Mardi-Gras à la Sorbonne, et à la Messe rouge d’une rentrée de cour d’apothicaires en belle