Page:Goncourt - Journal, t3, 1888.djvu/64

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

assassins, avait bousculé, renversé, répandu à terre tous les engins de son commerce, sur lesquels reposait son cadavre.

Parlant de cette assassinée au milieu de toutes ces obscénités, Tardieu disait que ce spectacle, remontant à quelques années, était quelque chose qui poursuivait le souvenir.

24 juin. — Nous allons, ce soir, chez Gavarni. Il y a des siècles que nous ne l’avons vu. Nous le trouvons dans son cabinet, mathématiquant au milieu d’un amoncellement de livres. On lui apporte pour son souper — car il ne dîne plus — des pois et de la salade sentant le mauvais vinaigre. Il est servi dans le moment par une bonne auvergnate, une de ces horribles femmes qui sont, à Paris, les bonnes malheureuses de la misère. Il mange distraitement, et sans pain, un peu de ces pois et de cette salade, posés sur la table de noyer sans nappe, au milieu de ses papiers et de ses bouquins de science, un rien reculés de son assiette.

Alors il nous parle de tableaux qu’il a eu, un temps, l’idée de peindre, de tableaux allégoriques et décoratifs pour des monuments publics ; il nous parle de la proposition qu’il a faite jadis à M. Cavé, de lui peindre les quatre murs d’une mairie, en y faisant figurer les quatre actes de l’état civil :

L’Acte de naissance ;

La Conscription ;