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Page:Goncourt - Journal, t3, 1888.djvu/74

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réglé d’une mangeaille pour son odeur avancée et qui pue.

Au fond, ce qui fait l’appassionnement : c’est le faisandage des êtres et des choses.

30 août. — Pourquoi cette sensation continuelle que nous avons tous les deux de manquer d’une chaleur intérieure, d’un montant physique, non pour le travail de la pensée et la fabrication d’un livre, mais pour le contact social, le choc avec les hommes, les femmes, les événements ? Oui, il nous faudrait de temps en temps l’infusion d’une palette de jeune sang ou d’une bouteille de vin vieux, pour être au diapason de l’existence parisienne… Nous sommes vraiment trop semblables à des gens entrés au bal de l’Opéra, sans être un peu gris.

Réflexions après un dîner, où nous avons bu chacun une bouteille de Saint-Julien, un excès qui ne nous est plus guère permis par notre santé.

31 août. — Pouthier vient dîner chez nous. Un échelon encore plus bas dans la misère. On l’a chassé de son ancien domicile. Il a été forcé d’errer deux nuits, ayant quatre sous dans sa poche, n’osant s’asseoir, de peur de s’endormir, et d’être ramassé sans avoir à donner d’adresse aux sergents de ville. Il demeure maintenant à Paris, dans une rue qui s’appelle — c’est à ne pas le croire — rue de la Brèche--