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Page:Goncourt - Journal, t4, 1892.djvu/122

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quetée, se tiennent dans la projection du gaz des kiosques, des cafés, dont les maîtres vont et viennent sur la porte, incertains s’ils doivent fermer. Le rappel bat, la générale bat, un vieux garde national apoplectique passe son képi à la main, criant : « Les canailles ! » un officier de garde nationale appelle à la porte du Café Riche les hommes de son bataillon. Il circule le bruit que le général Tamisier est prisonnier de la Commune.

Le rappel continue avec fureur ; pendant qu’un jeune garde national prend sa course au milieu de la chaussée du boulevard, criant à tue-tête : « Aux armes, nom de Dieu ! »

La guerre civile, avec la famine et le bombardement ; est-ce notre lot de demain ?

Mardi 1er novembre. — De la place de la Concorde, des pelotons de garde nationale s’avancent au petit pas vers l’Hôtel de Ville, regardés, derrière les fenêtres des Tuileries, par les bonnets de coton des blessés, mêlés aux voiles des sœurs. C’est la contre-manifestation de la journée d’hier, au milieu d’une foule, comme les journées de fête en jettent sur le pavé de Paris.

Par extraordinaire, on est très nombreux ce soir, chez Brébant. Il y a Théophile Gautier, Bertrand, Saint-Victor, Berthelot, etc., etc. Louis Blanc y fait sa première apparition avec son physique ecclésiastique, et dans une redingote qui joue la lévite.