Aller au contenu

Page:Goncourt - Journal, t4, 1892.djvu/147

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que sa figure, un peu rude, prend à certaines heures… C’est étonnant, comme parfois la vision spirituelle du rêve vous donne le délicat portrait de la physionomie des gens ! La princesse me disait que l’Empereur n’était plus empereur, qu’il ne pouvait rien pour mon frère… et mon rêve finissait dans l’incohérence bête des rêves, et une anxiété que le réveil ne dissipait pas tout de suite.

 

Les canons ont chacun leur son, leur timbre, leur résonnement, leur boum ronflant, ou strident, ou sec, ou fracassant. Je suis arrivé à reconnaître avec certitude le canon du Mont-Valérien, d’Issy, de la canonnière du Point-du-Jour, de la batterie Mortemart. Je ne parle pas de la pièce marine de mon rempart, parce que, le jour, elle remue toutes les portes, comme si un coup de vent s’engouffrait dans la maison, parce que, la nuit, elle me secoue dans mon lit, comme un léger tremblement de terre.

Samedi 19 novembre. — Ici on gonfle un ballon captif, et j’aperçois Nadar, se remuant, se démenant, sous une casquette d’officier de marine, dans un raglan à l’enveloppement militaire.

Dimanche 20 novembre. — Du haut de la butte Mortemart, j’entendais une fillette dire à ses petites amies, en montrant Saint-Cloud : « Elle y est toujours,