Page:Goncourt - Journal, t4, 1892.djvu/189

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ineptes rapports qui l’accompagnent ont tué la résolution énergique de la résistance. L’idée d’une capitulation, avant que la dernière bouchée de pain ait été mangée, — idée qui n’existait pas hier, — est entrée dans la cervelle du peuple, annonçant aujourd’hui d’avance l’entrée des Prussiens pour un de ces jours.

Les choses qui se passent accusent en haut une telle incapacité, que le peuple peut bien s’y tromper, et prendre cette incapacité pour de la trahison. Si cependant cela arrive, quelle responsabilité devant l’histoire pour ce gouvernement, pour ce Trochu, qui, avec des moyens de résistance aussi complets, avec cette foule armée de 500 000 hommes, aura, sans une bataille, sans un avantage, sans une petite action d’éclat, même sans une grande action malheureuse, enfin sans rien d’intelligent, d’audacieux ou d’imbécillement héroïque, fait de cette défense, la plus honteuse défense des temps historiques, celle qui témoigne le plus hautement du néant militaire de la France actuelle !

Vraiment, la France est maudite ! Tout est contre nous ; si le froid et le bombardement continuent, il n’y aura pas d’eau pour éteindre les incendies. Toute l’eau, dans les maisons, est presque de la glace, jusqu’au coin de la cheminée.

Samedi 31 décembre. — La viande de cheval, une viande de mauvais rêves et de cauchemars. Depuis