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Page:Goncourt - Journal, t4, 1892.djvu/241

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inscriptions à la craie, indiquant, sur les portes cochères et les volets de boutiques, le nombre de soldats que les habitants ont été tenus de loger.

Les Champs-Élysées sont pleins d’un monde alerte et bavard, prenant l’air, sans témoigner s’apercevoir de la démolition vengeresse d’un café, resté ouvert aux Prussiens, toutes les nuits de leur occupation.

Dimanche 5 mars. — Sur toute la route de Boulogne à Saint-Cloud, les matelas que les mobiles ont bien voulu laisser aux habitants, prennent l’air par les fenêtres ouvertes. Saint-Cloud avec ses maisons écroulées, ses fenêtres noires de flammes de l’incendie, présente de loin l’aspect gris et fruste d’une carrière de pierre.

Les conditions de la paix me semblent si pesantes, si écrasantes, si mortelles à la France, que j’ai la terreur que la guerre ne recommence, avant que nous ne soyons prêts à la faire.

Vendredi 10 mars. — Un pamphlétaire scatologique aurait à fabriquer une spirituelle et féroce brochure, sous ce titre : La M… et les Prussiens. Ces dégoûtants vainqueurs ont embrené la France, avec tant de recherches, d’inventions, d’imaginations dans ce genre, qu’elles méritent vraiment une étude psychologique, sur le goût de ces peuples pour la