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Page:Goncourt - Journal, t4, 1892.djvu/375

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tance, est fourré dans les cellules de Mazas, le 29 mai. Le second jour de son emprisonnement, entre dans sa cellule un brigadier, qui lui dit : — « Écrivez votre nom sur cette feuille de papier, écrivez que vous êtes entré, le 29 mai, à Mazas. » Il écrit ; le brigadier qui regarde par dessus son épaule, l’interrompt en lui disant :

— « Vous avez écrit à l’archevêque ? »

— « Non. »

— « Pour vos travaux. »

— « Non, je n’ai jamais eu affaire qu’au ministère des Beaux-Arts. »

— « Vous connaissez l’archevêque au moins de vue. »

— « Non, j’ai vu des photographies de lui, mais sans y faire attention. »

Et l’interrogatoire se termine là.

Il ignorait absolument l’assassinat de l’archevêque, et n’attachait pas d’importance à l’interrogatoire ; cependant le mot « le malheureux », prononcé dans la cellule voisine, par un Irlandais, un ami de captivité, pendant qu’on l’interrogeait, l’intriguait un peu, quand la porte s’ouvrit pour donner passage au commissaire de police, suivi de deux hommes. « Au fait, dit le commissaire de police à un de ces hommes, il me semble qu’il était plus grand ? » Sur ce, l’homme passant les mains dans les cheveux de Pouthier :

— « Vous êtes brun, vous ? »

— « Un brun qui grisonne. »