Page:Goncourt - Journal, t4, 1892.djvu/43

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pour faire l’expérience en grand… et la faire accepter donc ! Il y a un gros bonnet de l’artillerie que j’entretenais du pétrole : Oui, m’a-t-il dit, on s’en servait au IXe siècle. — Mais les Américains, lui ai-je répondu, dans leur dernière guerre… — C’est vrai, a-t-il repris, mais c’est dangereux à manier, et nous ne voulons pas nous faire sauter. Voyez-vous, ajoute Berthelot, tout est comme cela ! »

Et toute la conversation de la table va aux conditions présumables, que fait le roi de Prusse : à une cession d’une partie de la flotte cuirassée, à la délimitation nouvelle que l’on a vue, sur une carte appartenant à Hetzel, et qui enlèverait des départements à la France.

On interroge Nefftzer qui ne répond pas directement à la question, et avec son scepticisme finement blagueur sous son gros rire, et avec sa parole malignement mordante sous son épais accent alsacien, se moque de Gambetta venant d’envoyer, comme maire de Strasbourg, un maire, qui, d’après lui, se serait sauvé, et remplacerait un maire qui se battrait courageusement, et il accuse X… d’avoir fait sa fortune dans les travaux des fortifications, et encore des officiers du génie, de faire inscrire, sur les feuilles des entrepreneurs, trois cents ouvriers, où un atelier de cinquante travaille seulement.

Renan, obstinément attaché à sa thèse sur la supériorité du peuple allemand, continue à la développer entre ses deux voisins, lorsque du Mesnil l’interrompt par cette sortie : « Quant au sentiment d’indépen-