Page:Goncourt - Journal, t4, 1892.djvu/49

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trois mois ! » Quant aux vingt mille ouvriers, qui, dans les journaux, sont censés y travailler, un curieux me dit qu’ils étaient à peine quelques centaines ces jours-ci, et qu’aujourd’hui ils sont en tout mille, et encore les trois quarts sont-ils des soldats de la ligne. Empire, République, c’est toujours la même chose.

 

C’est agaçant tout de même d’entendre à tout, propos : C’est la faute de l’Empereur ! et il y a de la générosité à moi d’écrire cela, à moi qui, pour la citation de quatre vers, cités dans le cours de littérature de Sainte-Beuve, couronné par l’Académie, ai été poursuivi en police correctionnelle par le gouvernement impérial, — et ce qui ne s’était jamais vu dans aucun procès de presse, placé entre des gendarmes, — oui, c’est agaçant. Car si les généraux ont été incapables, si les officiers n’ont pas été à la hauteur des circonstances, si… si…, ce n’est pas la faute de l’Empereur. Un homme n’a pas cette influence sur un peuple, et si le peuple français n’avait pas été très mal portant, très malade, la médiocrité de l’Empereur n’eût pas empêché la victoire.

Soyons bien persuadés que les souverains ne sont absolument que les représentants de l’état moral de la majorité de la nation qu’ils gouvernent, et qu’ils ne resteraient pas, trois jours, sur leurs trônes, s’ils étaient en contradiction avec cet état moral.

Samedi 10 septembre. — Catulle Mendès, en uni-