Page:Goncourt - Journal, t4, 1892.djvu/73

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bestiaux inquiets et menaçants, bousculant les pissotières renfermées dans l’enceinte du parquage, s’acculant dans un coin, puis se précipitant en une masse brouillée et confuse, que surmonte un grand bœuf cavalant une vache, par laquelle il se fait porter presque debout.

Lundi 26 septembre. — Toute la route du Point-du-Jour jusqu’au Rempart : ça semble les fortifications du corps de génie des barricades. Il y a la barricade classique en pavés, la barricade en sacs de terre ; il en est de pittoresques formées de troncs d’arbres — de vraies lisières de forêts poussées dans un mur ruiné. C’est comme un immense Clos Saint-Lazare, élevé par les descendants de 48, contre les Prussiens. Tous les murs sont crénelés et percés de meurtrières, et le terrain creusé de trous ronds qui se touchent, ressemble assez bien à ces plats de fer-blanc, où l’on fait cuire des escargots en Bourgogne.

Dans le jardin de Gavarni, des ouvriers s’apprêtent à jeter à bas le quinconce.

Les arches du Pont-Viaduc, barricadées et fermées de grosses traverses de bois, sont remplies d’une foule d’hommes et de femmes regardant, à travers les fentes, le fleuve rayonnant, et les coteaux verts, où les lunettes cherchent des Prussiens.

Les gâcheurs de plâtre qui travaillent aux barricades, causent du coup de carabine qu’ils viennent de tirer au tir, dont on entend les coups stridents