Page:Goncourt - Journal, t5, 1891.djvu/183

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les gens qui partent doivent toujours laisser quelques petites commissions derrière eux… avec cela on se souvient mieux et plus d’eux… Il semble qu’ils ne vous ont pas quitté tout à fait. »

Elle se lève tout à coup, et quoiqu’il giboule au dehors, elle me parle, dans le vent et la pluie, d’aller passer quinze jours à Nice, de voir en famille d’amis, ce pays de fleurs et ce ciel bleu pendant l’hiver.

Nous rentrons. Un domestique annonce que la voiture est avancée. À mon adieu, la princesse riposte, presque brutalement : « Pas ce mot, je ne l’aime pas, dites au revoir ? »

Vendredi 20 novembre. — Par le vent froid qu’il fait, ce matin, en montant vers Saint-Cloud, pour gagner Versailles, — dans l’excitation d’une marche presque courante, mon roman (la Fille Élisa) commence à prendre une apparence de dessin dans ma cervelle. Je me résous à mettre dans le renfoncement, et le vague d’un souvenir, toutes les scènes de b…, et de cour d’assises, que je voulais peindre dans la réalité brutale de la mise en scène, et les trois parties de mon roman se condensent en un seul morceau.

Pourquoi au milieu de cette incubation, me suis-je mis à penser à un empereur d’Allemagne, je ne sais plus lequel, qui, ayant demandé à son chapelain, si vraiment Dieu était dans l’hostie, en fit scel-