Page:Goncourt - Journal, t5, 1891.djvu/232

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

à Paris, a été amené à notre dîner. C’est un homme, à la fois vieux et jeune, aux petits yeux, aux petites moustaches, aux petits traits ratatinés, au petit front bombé, semblable à un ivoire japonais représentant le Dieu de la longévité.

Il s’est montré causeur, fin, délicat, ténu, argutieux presque, et parlant des choses, avec le tour d’une pensée qui a cessé d’être française et qui s’est faite italienne. Il parle du pape, du concile futur, de Garibaldi qui, pour lui, représente le summum de puissance qu’a une vraie royauté : la foi d’une population dans un homme. Il nous le peint avec des trous, des vides, des côtés bêtes, mais avec des grandeurs et des générosités d’un homme du passé, d’un homme antique.

Dimanche 6 juin. — Aujourd’hui j’étais tranquille et presque heureux chez moi, comptant dîner tout seul, et un peu paperasser le soir. Soudain mon jeune cousin fait irruption chez moi avec la S***, et il faut, bon gré mal gré, que j’aille faire, disent-ils, une petite fête avec eux. Nous allons dîner chez Voisin, où nous rejoignent des amis et des amies.

 

Les filles ne sont supportables qu’à la condition d’être des folles créatures, des toquées, des extravagantes, des êtres qui vous étonnent un peu par l’entrain de leur verve ou l’inattendu de leur caprice.