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J’ai rarement éprouvé une jouissance pareille à celle, que j’ai à vivre dans cette harmonie somptueuse, à vivre dans ce monde d’objets d’art si peu bourgeois, en ce choix et cette haute fantaisie de formes et de couleur. Le travail, ici, en levant, de temps en temps, le nez en l’air, me semble du travail en un lieu enchanté, et j’ai peine à quitter ces choses pour les rues de Paris.

Dimanche 7 novembre. — Une dame de ma connaissance m’interrogeait sur ce que j’avais fait, ces jours-ci, dans l’Oise, je lui disais que j’avais été voir la prison de Clermont, et qu’une chose m’avait fait un singulier effet. C’est dans la Réserve, où sont empaquetés les effets des condamnées, un paquet portant sous le numéro d’écrou : Entrée 7 septembre 1872. — Sortie le 5 septembre 1887.

À cela la dame me répondait : « Eh bien quoi, c’est une femme condamnée à quinze ans de prison. Qu’est-ce que vous voyez de si singulier là-dedans ? »

Lundi 8 novembre. — « En trois mots — c’est Flaubert qui parle — je vais vous dire ce qu’il en est… je suis ruiné… Il y a eu tout à coup sur les bois, une baisse, comme jamais on en a vu. Ce qui valait 100 francs n’a plus valu que 60… D’abord j’ai fait des