Page:Goncourt - Journal, t5, 1891.djvu/281

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encore : « La musique, je crois encore que j’étais né pour en faire, c’est étonnant comme les airs m’arrivent naturellement, et il chantonnait un air qui était une réminiscence de : Au clair de la lune… » Seulement chez lui, aucune bêtise administrative… Il a été toujours charmant pour moi, ne me demandant que de me faire couper les cheveux… Ce qu’il y a de curieux, c’est par quoi je l’ai séduit. Poupart-Davyl, pour une dette d’imprimerie, fait opposition sur mon traitement… Vous voyez d’ici l’effet dans les bureaux… Morny de sourire, et de se moquer de mon créancier… Là-dessus il me vient une affection de poitrine qui me faisait cracher le sang, il me relève le moral, et m’annonce qu’il fera de moi, dans le Midi, le plus jeune des sous-préfets… C’est à lui que je dois ce voyage en Algérie, en Corse, en Sardaigne, qui m’a remis sur les pieds : voyage pendant lequel je n’ai eu qu’à lui adresser, tous les mois, une petite lettre reconnaissante… Je le répète, l’homme fut toujours gracieux avec moi, et n’a jamais rien eu de ce qu’il avait quelquefois avec les autres.

J’ai été très peu son complice pour les chansons nègres, et j’ai doucement décliné de faire les paroles d’une cantate. Oui, il rêvait la musique d’une machine, avec des « Vive l’Empereur ! » qui devait remuer les masses, un 15 août. Me trouvant froid, il s’est alors adressé à Hector Crémieux. Mais savez-vous le joli de la chose ? Ça devait se passer à la porte Saint-Martin. Le duc s’y rend, pour jouir de l’ova-