Page:Goncourt - Journal, t5, 1891.djvu/305

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cienne Académie de musique ; je tournais et retournais dans mes cartons et ceux de Destailleurs, ces dessins de grâce qu’on a plus refaits ; je me sentais heureux, et je me trouvais dans le temps et avec les gens que j’aime… mais je me suis juré de reprendre mon roman en juillet. Me voici donc, comme un chirurgien, qu’on arracherait à d’aimables curiosités, obligé de reprendre la cruelle autopsie moderne, la brutale prose, le travail qui fait mal, et dont tout mon système nerveux souffre, tout le temps que le volume se pense et s’écrit…

――――――― Il s’élève, à l’heure qu’il est, une génération de jeunes liseurs de bouquins, aux yeux ne connaissant que le noir de l’imprimé, une génération de petits lettrés, sans passion, sans tempérament, les yeux fermés aux femmes, aux fleurs, aux objets d’art, à tout le beau de la nature, et qui croient qu’ils feront des livres. Les livres, les livres de valeur, ne se font que du contre-coup de toutes les émotions produites par les beautés belles ou laides de la terre, chez une nature exaltée.

Il faut pour faire quelque chose de bon littérairement, que tous les sens soient des fenêtres grandes ouvertes.

Vendredi 21 juillet. — Je rentre furieux. Je viens